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HISTOIRE DE LA PUBLICITÉ ET DES MÉDIAS
tabloïds édités par des partis poli- « Al- Ittihad Al- Ichtiraki » et « Libéra- matière de radiodiffusion et de télévi-
tiques de tous bords. À partir de l’In- tion » (USFP) et « Al-Haraka » (MP). sion. En mai 2006, la HACA délivre dix
dépendance, en effet, et jusqu’aux nouvelles licences d’établissement et
années 1990, les médias au Maroc sont AVÈNEMENT DE LA PRESSE INDÉ- d’exploitation de services radiopho-
essentiellement partisans. Hormis PENDANTE Vers le milieu des années niques et d’une licence de télévision
quelques rares publications indépen- 1990, une nouvelle ère débute pour satellitaire émettant à partir du terri-
dantes (« La Vie Économique » (1957) le paysage médiatique marocain. toire marocain, qui sont venues étof-
et « Lamalif » (1966), l’information est Cette nouvelle décennie correspond fer le panorama existant.
livrée essentiellement par la télévi- à l’émergence d’une presse indépen- Un processus qui connaîtra un nou-
sion et la radio nationales et, à partir dante, non affiliée à des partis poli- veau tournant en 2009, avec l’octroi
de 1971, par le quotidien « Le Matin », tiques. Portée par une ouverture en d’une deuxième vague de licences
qui succède à La Vigie Marocaine. matière de liberté d’expression et par pour des services télévisuels et radio-
Tous les autres journaux existants sont l’émergence d’un marché publicitaire, phoniques. Désormais, les téléspecta-
les organes de presse des différents cette nouvelle presse dite indépen- teurs marocains peuvent zapper entre
partis politiques, qui occupent quasi dante va saisir l’opportunité qui s’offre la TVM et la nouvelle chaîne Medi1
totalement le champ médiatique. Et à elle pour aborder des sujets autrefois Sat. Les auditeurs quant à eux ont
qui s’y affrontent. C’est à cette époque tabous, en politique comme en éco- le choix entre « Hit Radio », « Atlan-
que sont lancés les journaux « L’Opi- nomie, aux questions liées aux libertés tic Radio », « Aswat », « Chada FM »,
nion » (Istiqlal), version francophone individuelles, à la religion, à la situa- « Luxe Radio » ou « Assadissa », la
d’« Al-Alam », « Al-Bayane » (PPS), tion des femmes et aux problèmes Radio Mohammed VI du Saint Coran
sociétaux en général. La presse écono- qui continue de caracoler dans les
De la presse d'opinion mique et financière profite également résultats, avec une part d’audience
à la presse indépendante de cet engouement et de la libéralisa- (PDA) de 14,46 %.
tion du marché marocain. La presse
1956 « IDAA AL WATANIYA » - féminine quant à elle, (« Citadine » et PRESSE FÉMININE : UN ENJEU
« Femme du Maroc », (1995) saisit éga-
DE SOCIÉTÉ La presse féminine au
Rabat Chaîne Inter
lement la brèche pour déconstruire Maroc ne date pas d’hier. Dès 1966,
peu à peu les codes d’une société tou- « Chourouq » ouvre le bal, suivie de
1957 « LA VIE ÉCONOMIQUE » jours foncièrement patriarcale et pour Aïcha (1971), de la revue « 8 mars »
revendiquer un nouveau Statut pour et de Farah Magazine. Kalima, qui
les femmes (Moudouwana). L’année paraîtra de 1986 à 1989, est cependant
1959 CRÉATION DE MAGHREB d’après, en 1996, apparaît au Maroc considéré le premier féminin maro-
ARABE PRESSE (MAP)
le premier portail Internet, égale- cain avant-gardiste dans une société
ment premier portail francophone en qui n’était pas prête à accepter un
« ATTAHRIR »
1959 Journal de l’USFP Afrique. Il enregistrerait près de 55 000 organe qui adoptait un ton aussi libre.
Ce n’est qu’une dizaine d’années plus
visiteurs par jour !
Tandis que de nouvelles publica- tard que les deux magazines féminins
1962 TÉLÉVISION MAROCAINE tions (« Le Journal », « Demain », « Citadine » et « Femme du Maroc »
NAISSANCE DE LA
(1995), sont apparus, adoptant une
« Tel Quel », « Assahifa », « Al Ayam »,
« Nichane », « Al-Massae », « Akhbar ligne éditoriale engagée pour les droits
“AL OUSBOUE ASSAHAFI” Al-Yawm », etc.), tout en plaidant pour des femmes. Les deux féminins-fémi-
– 1er hebdomadaire
1965 indépendant Marocain, fondé plus d’ouverture politique et cultu- nistes abordent tous les problèmes
par Feu Motapha Alaoui. relle, s’accordent une liberté de ton de sociétés relatifs aux femmes, aux
« Lamalif » - Revue engagée inédite, et s’engagent, pour certains, enfants, à la famille, ainsi que des
1966 fondée par la journaliste dans un bras de fer avec le pouvoir. En sujets d’ordre pratiques à travers les
Zakia Daoud. 2006, le Maroc comptait près de 398 rubriques classiques d’un magazine
journaux, magazines et revues ! féminin. Une époque caractérisée par
1971 MAROC SOIR - « Le Matin » l’énorme pression des associations
OUVERTURE DU PAYSAGE féminines pour la réforme du code de
AUDIOVISUEL Durant les années la famille. Les magazines féminins ont
1980 « MEDI1 » - 1ère radio privée 2000, le Maroc va connaître un véri- donc servi de caisse de résonance à ce
table tournant dans le domaine de la combat.
communication audiovisuelle par la Dans les années 2000, sont appa-
1989 « 2M » libéralisation de son secteur audiovi- rus tour à tour : « Ousra », « Famille
Actuelle », « Femina », « Lalla Fatima »,
suel. Finie l’époque de la seule RTM.
C’est la fin du monopole de l’État en « Nissaa », « Nesma ». L’arrivée des
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